Marc COUGOULE, à l'origine de la marque MARTIGNAC, est un artisan cadreur Français qui vient tout juste de démarrer son activité il y a de cela 3 mois à temps partiel. MARTIGNAC c’est une histoire assez personnelle, c'est le nom donné à la maison de Famille de Marc. Il est ingénieur en aéronautique et cette année il participe pour la première fois au concours des machines dans la catégorie Rookie.
Il a le profil un peu baroudeur, il pédale et voyage depuis l'age de 14 ans (aujourd'hui 39) avec au compteur de nombreux voyages en France, en Europe et quelques aventures en Asie, Amérique du Nord et du Sud. Après beaucoup de kilomètres au guidon de différentes montures, l'idée de concevoir et fabriquer son propre vélo lui est apparue.
D’ailleurs ce coté baroudeur se retrouve dans sa vision personnelle de la randonneuse. Outre la volonté de concevoir un vélo léger et fiable, il opte principalement pour des standards éprouvés que l’on peut facilement trouver en remplacement un peu partout sur la planète. On pense rapidement au boîtier de pédalier type BSA-BSC, ou encore, sur sa machine personnelle, aux freins mini-V-Brake ou la maintenance est réduite aux câbles et aux patins.
Comme beaucoup, il débute en 2016 par une randonneuse pour une utilisation personnelle. Par la suite en découle la fabrication pour le cercle d'amis et la famille. Suite à sa participation au concours de machines 2017, il envisage prochainement de commercialiser des vélos sur-mesure. Chaque chose en son temps.
Mais qui de mieux pour parler de MARTIGNAC que Marc lui même au travers d'une petite interview.
INTERVIEW
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Marc Cougoule, j’ai 39 ans. Ingénieur de formation, je travaille actuellement dans une entreprise d’aéronautique à Toulouse.
J’ai commencé le vélo à l’âge de 14 ans avec de nombreux voyages en France, en Europe puis dans le reste du monde. Après 25 années et 160 000 Km de voyage dans 33 pays, de randonnée longue distance et même de compétition, l’idée de fabriquer des cadres de vélo est apparue…
Où est situé votre atelier ?
A l’heure actuelle, les vélos Martignac sont fabriqués chez moi, dans mon garage à Saint Jean dans l’agglomération Toulousaine. 12 m2 c’est vraiment petit ! Je recherche donc activement un atelier plus grand afin d’installer les outils et machines dont j’ai besoin.
En quelle année avez-vous débuté vote activité de cadreur ?
Je me suis lancé sur un coup de tête avec l’achat d’un gabarit de cadreur chez Brew Bicycle fin 2015. Mon premier cadre a été terminé fin 2016 pour une randonneuse route. Le deuxième est un vélo de voyage 26 pouces en Columbus Zona réalisé pour un ami qui part voyager 3 ans autour du monde. Mon troisième vélo est celui du concours de machines 2017.
Quel est l'historique derrière votre atelier ?
Cela fait longtemps que je souhaitais fabriquer des cadres. Certes, on peut faire fabriquer son vélo sur mesure par un artisan, mais je voulais pouvoir faire tout ce dont j’avais envie, essayer de nouvelles choses.
C’est lorsque je suis rentré de mon année de voyage à vélo entre Vancouver et Ushuaïa en 2014 que j’ai commencé à m’organiser. J’ai aménagé dans une maison avec un garage puis j’ai commencé lire tout ce que je trouvais sur le sujet et à me procurer l’outillage nécessaire.
Martignac est le nom de la maison familiale du côté de mon père. Une ferme en pierre blanche du Lot et Garonne près d’Agen où je me rendais à vélo quand j’étais gamin. C’est un endroit où j’ai fait des dizaines de bêtises ! Aujourd’hui adulte, je trouve amusant d’appeler mes vélos Martignac. Cela me rappelle mon insouciance de gosse où l’on passait les chaudes journées d’été à courir et à se goinfrer de confiture.
Comment avez-vous acquis votre savoir-faire ?
Mes études d’ingénieur m’ont toujours bien aidé à me débrouiller dans tous les domaines techniques. Le plus souvent, j’apprends seul en essayant plein de choses et en lisant des livres (Paterek, Proteus, …), mais aussi au contact d’autres cadreurs. Ce que j’aime le plus dans l’univers du vélo, c’est que tout le monde s’entraide et échange des idées.
Avec quels aciéristes travaillez-vous en particulier ?
A ce jour, j’ai travaillé exclusivement avec des tubes Columbus car je peux me les procurer très facilement. Cependant, à force de fouiller un peu partout, je vais commencer à utiliser de l’acier d’autres fabricants (Reynolds, Kaisei…). Quelle que soit la marque, j’aime bien les tubes over-size pour la rigidité qu’ils apportent.
Combien de cadre réalisez-vous par an ?
Actuellement, je fabrique un cadre par trimestre. Chaque cadre est encore l’occasion d’ajouter pas à pas de nouvelles techniques. Par exemple après 3 cadres à raccord, le prochain sera soudo-brasé. Je ne fabrique pas à plein temps (loin de là !) donc 3 à 4 cadres par an, c’est déjà bien. Ca occupe quelques soirées et week-ends !
Quel est le délai d’attente moyen ?
6 à 12 mois. Le prochain créneau disponible est en 2018. A l’heure actuelle, je ne fabrique que pour des proches et des amis. Cependant si quelqu’un vient me voir avec un projet qui m’intéresse, je serai ravi d’en discuter.
Fabriquer des vélos n’est pas pour moi une source de revenu (en tout cas pas encore). C’est donc l’intérêt partagé d’un projet qui me décidera à fabriquer un cadre spécifique pour quelqu’un.
Quelle type de soudure à votre prédilection ?
Pour l’instant, je brase à l’argent 38%. Prochaine étape, soudo-brasure !
Avez-vous une préférence ou une spécialisation pour une famille de vélo?
Je ne souhaite fabriquer des vélos que pour les pratiques que je connais parfaitement :
- Voyage sur route avec une randonneuse en 650B ou 700C
- Voyage au long cours sur un vélo de voyage chargé en 26’’ ou 29’’
- Brevets longue distance sur randonneuse légère
- Vélo de route
A ce jour, pas de VTT, ni de vélo de ville, ni de tandem en projet.
Vous ouvrez vous aux projets plus exotiques – particuliers ?
Pas encore. Mais un jour, pourquoi pas !
Est-ce que les peintures sont réalisées dans votre atelier ?
Non, mais c’est un vrai sujet, car il est très difficile de faire réaliser ses peintures avec un niveau de qualité suffisant. On y arrive, mais tous les cadreurs semblent avoir le même problème… sauf ceux qui font leur peinture eux même.
Quelles sont les différentes étapes avec un client avant les premiers tours de roues ?
C’est vraiment une réflexion itérative : - Discuter et faire connaissance - Ecouter les aspirations - Échanger des idées - Essayer plein de choses sur le logiciel de dessin - Choisir la géométrie et les composants - Recommencer encore et encore jusqu’à l’obtention du projet « parfait » où il n’y a plus rien à ajouter, mais surtout plus rien à enlever.
Quelle est votre manière de travailler ?
J’aime assez m’inspirer de choses qui ont déjà été faites mais que l’on peut faire évoluer vers un projet particulier.
Le vélo que j’ai présenté au concours est un bon exemple. Je me suis inspiré d’un René Herse de 1952 auquel j’ai ajouté un sloping de 6°, des pneus en 700 x 44, un moyeu dynamo, des mini v-brake… plus rien à voir avec le vélo d’origine, mais il reste quand même quelque chose de l’esprit de départ.
Quel est le temps « moyen » requis pour la création d’un cadre ?
Environ 50 heures, mais cela varie beaucoup en fonction de la complexité et après quelques cadres je réalise certaines tâches de plus en plus rapidement.
Avez-vous une petite angoisse lorsque le client monte sur le vélo pour la première fois ?
Oui et non. Une angoisse, non c’est un peu exagéré. Mais je suis très soucieux de la qualité de réalisation tout au long de la fabrication. Je veux faire des vélos fiables et sûrs qui dureront toute la vie. Je tiens ça de mes années de support technique en compagnie aérienne où la qualité de la maintenance et la sécurité jouent un rôle primordial et permanent.
Et vous, quel est votre vélo en acier ?
J’ai trois vélos en acier :
Le vélo du concours de machines 2017 : un gravel en 700 x 44 au look de randonneuse française
Une randonneuse route en Columbus Brain fabriquée en 2003 par Tonic Cycle
Un vélo de voyage en Reynold 853 fabriqué par Vagabonde avec lequel j’ai voyagé pendant un an en Amérique. Je pense en fabriquer un cet hiver pour le remplacer, car je désormais, je veux rouler sur des vélos de ma fabrication !
Que souhaiteriez-vous dire de plus....c'est à vous.
Ce qui a du se remarquer au Concours de machines 2017, c’est que mon vélo Martignac ne se remarque pas… Une dame est même venue me voir dans le hall d’exposition pour me dire : « On dirait que votre vélo a été conçu pour que personne ne le voit ». J’ai été très touché, car c’est exactement ce que je cherchais.
J’aime en effet les vélos discrets, qui permettent de voyager sans me faire remarquer. Je n’ai pas envie de m’inquiéter à chaque fois que mon vélo est hors de vue. (Evidement, ce n’est pas comme ça que l’on gagne le prix du public 😛 )
Toujours dans cet esprit de voyageur à vélo, je choisis les composants les plus simples et légers, faciles à réparer. Aussi, à chaque fois que cela est possible, j’adopte une approche « no logo »: Je choisis des composants sur lesquels le logo de la marque est absent ou très discret et si besoin, j’estompe, j’efface ou je masque les logos s’ils sont trop visibles. Dans cette idée, le logo Martignac est apposé à l’intérieur de la base gauche.
LA RANDONNEUSE MARTIGNAC – 10,6kgs Taille 57
Cette randonneuse puise son inspiration sur une René Herse numéro 252 de 1952 dont la géométrie à chasse très courte -26mm- permet d’obtenir une bonne maniabilité avec un vélo très chargés pour voyager ainsi que l’emploi de pneumatiques de large section.
La randonneuse MARTIGNAC du concours de machines est de type Low Trail. La chasse est de 29,5mm...autant dire très courte. C’est le fruit de la combinaison entre un angle assez fermé de 73 degrés et d’un offset de 75mm grâce à une fourche très cintré – qui au passage apporte un sacré confort. Un choix délibéré car Marc à pour habitude de rouler très chargé à l’avant avec des sacoches basses (non monté pour le concours) et de gros pneumatiques. Une faible chasse permet de garder une bonne maniabilité et compense l’influence du poids des sacoches sur la maniabilité.
Le cadre est soudo-brasé à l’argent et emploie des raccords Llewellyn P3, les rares à être disponibles en Oversize tout en ayant un angle de 6 degrés pour réaliser un cadre avec un léger slooping et une douille de direction haute. Il est réalisé en acier Italien Columbus. On retrouve la série Columbus Life pour le triangle avant avec des diamètres assez important et Columbus Zona pour le triangle arrière. Le tube supérieur a un diamètre de 31,7mm double butted 065-045-065mm. Le tube de selle a un diamètre identique mais une épaisseur simple de 08-05mm. LE tube diagonale est forcément plus gros pour encaisser la torsion lié au pédalage : 35mm de diamètre double butted 065-045-065mm.
Pour le triangle arrière Marc souhaitait employer la même série LIFe. Mais il a du se résoudre à utiliser la série ZONA pour des raisons de diamètres et de compatibilité avec les pattes arrières Llewellyn.
Les freins sont des V-Brakes Mini, Marc ne souhaitant pas faire appel à un freinage hydraulique sur sa propre machine. Modèle Tektro Mini V-Brake RX6, seul modèle permettant de passer au-dessus du garde-boue et au-dessous du porte-sac avant.
La transmission est en 2x10 vitesses avec un panachage entre les groupes du Japonnais Shimano. Les pièces ont été choisis pour leur bon ratio poids, rigidité, solidité, prix. Le choix du 10 vitesses est justifié par une durée de vie accrue en comparaison à une transmission 11 vitesses, principalement la chaîne.
Le dérailleur arrière Tiagra 4700 est combiné à une cassette Dura Ace 12-27. Le dérailleur avant est un Ultegra 6700 et fonctionne de concert avec un pédalier Stronglight Lexar 2x10 (42-28). L’ensemble est commandé par un duo de shifter Shimano Tiagra 4700.
Pour le train roulant, moyeu SHUTTER PRECISION SV-9 le plus léger des moyeux dynamo qui alimente le phare avant B&M LED, l’arrière étant sur batterie et fixé sous la tige de selle qui a été percé et taraudée pour permettre l'installation de l'éclairage. Le moyeux arrière est un Powerway R13 de 210 grammes, une fabrication Taïwanaise très légère. L’ensemble est rayonné aux jantes DT Swiss R460 avec des rayons DT Swiss Compétition. Le tout est équipe, comme beaucoup de randonneuses du concours, de pneumatiques COMPASS, mais cette fois ci en 700… Compass 700 x 44 Snoqualmie Pass EL.
La finition est très sobre, d’ailleurs en dehors du logo « M » pour MARTIGNAC, tous les autres stickers ont été retiré.
Bienvenue à Marc dans la famille des cadreurs Français. Vous pouvez retrouver son travail sur sa page Facebook.
Facebook : https://www.facebook.com/Martignac-1020754368027831/